VENTE DES ACTIFS DU GROUPE BOLLORE EN AFRIQUE : POURQUOI BOLLORE VEUT VENDRE AUX CHINOIS DE CRRC?

Lorsque les médias français ont annoncé que la banque d'affaires Morgan Stanley avait été chargée par l'homme d'affaires français Vincent Bolloré de sonder d'éventuels repreneurs prêts à racheter ses actifs en Afrique dont la valeur marchande est estimée à près de 3 milliards d'euros, tout le monde a jeté le regard sur la filière logistique dont l'emblématique Bolloré Africa Logistique (BAL) est historiquement le navire amiral du groupe. Les chinois de China Railways Rolling Compagny qui réalisent déjà des résultats extraordinaires aux Etats Unis en construisant des affaires à Los Angeles, dans le Massachusetts, la Pensylvanie, sont en pleine offensive en Afrique. En effet, après la ligne Addis Abeba- Djibouti et celle de Mombasa au Kenya, les chinois sont intéressés par une ligne Douala-Port Soudan et Juba.
Véritable " Vache à lait" du groupe Bolloré le BAL bénéficiant de l'appui intéressé de fonctionnaires véreux et de politiciens sans scrupules, tant en France qu'en Afrique, avait trusté de substancielles parts de marché. Or, la nouvelle donne politique en France et en Afrique, a bouleversé les cartes. En effet, exit le parapluie de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, avec l'administration Macron le courant ne passe pas. Résultat des courses, l'Elysée est resté froid lorsque les magistrats francais enquêtant sur des soupçons de corruption d'agents publics au Bénin et au Togo, ont humilié Bolloré en le reconnaissant comme un " grand corrupteur". Puis, en Afrique, les chefs d'état ne sont plus si dociles comme autrefois. Cela a produit des résultats catastrophiques inimaginables il y a 10 ans.
Tout cela mis ensemble, Bolloré dont l'histoire des affaires nous rappelle toujours, depuis son OPA sur la Scac du groupe Suez en 1986, qu'il n'est pas un capitaine d'industries mais plutôt à l'affût des plus values, n'a pas réfléchi longtemps. Il faut d'urgence élaguer les entreprises du groupe Bolloré qui ne rapportent rien financièrement et qui sont susceptibles de constituer des fardeaux dans un proche avenir. C'est le cas de Bolloré Railways constitué de Camrail au Cameroun, Sitarail en Côte d'Ivoire et Bénirail au Bénin.
Bolloré refuse de financer la réhabilitation du réseau ferroviaire camerounais estimé à plus de 300 milliards de FCFA alors que c'est inscrit dans le cahier de charges paraphé en 1999 dans la concession d'attribution de Camrail
Lorsqu'en 1999 Bolloré obtenait à la surprise générale la concession de gestion des actifs ferroviaires de la Régiefercam, il avait paraphé sans sourciller le cahier de charges qui lui exigeait de veiller à la réhabilitation du réseau ferroviaire. Mais comme il bénéficiait à l'époque de la complicité très intéressée de milieux proches de la présidence de la République, personne n'avait eu le courage de lui rappeler. Aujourd'hui, que ses protecteurs d'hier ont été mis hors d'état de nuire, Bolloré est sommé de se conformer à ses obligations. Une perspective qui l'énerve d'autant plus que Camrail ne fait que survivre grâce au transport des hydrocarbures vers le septentrion. Et le refus du Cameroun de lui accorder son blanc-seing pour la construction des lignes Mbalam-Kribi et Edea-Kribi qui lui auraient donné un nouveau souffle n'arrange pas les affaires du français.
Le Burkina Faso a lobé Bolloré pour faire sortir le minerai de fer de Tamboa par le Ghana d'où la volonté de la vente de Sitarail
Après avoir misé gros sur l'exploitation de la riche mine de fer Tamboa qui pouvait permettre la rentabilité de sa société ferroviaire Sitarail, mais la chute de son "ami de toujours" Blaise Compaoré a déjoué les plans. Son successeur Roch Kaboré malgré toutes les menaces a choisi de faire sortir les minerais par le Ghana. Une issue qui sonne le glas de Sitarail peu intéressé par le transport des populations.
Bénirail chassé de la ligne panafricaine au Bénin par le président Talon
Alors qu'il avait obtenu des garanties fixes de la part du président Yayi Boni, sur la réhabilitation du tronçon béninois de la ligne Niamey-Dakar,, forte de 3000 kms, ce qui avait conduit à Bolloré à relooker la vétuste gare de Cotonou, voici que son successeur Talon a jeté aux orties les promesses de son prédécesseur. Bolloré a été traduit en justice par l'avocat Dossou, l'ex "monsieur pétrole" de Omar Bongo, qui l'a battu à plate couture. Du coup, faute de perspectives alléchantes, Bénirail ressemble à une méduse échouée dont les heures sont comptées.