
Le parlement éthiopien a décidé mardi de la levée de l’état d’urgence décrété dans le pays depuis le 16 février dernier. Une décision qui fait suite au retour d’une stabilité et d’un calme relatif dans le pays. Le 16 février 2018, l’état d’urgence avait été instauré pour six mois, au lendemain de la démission surprise du Premier ministre Hailemariam Desalegn .
Hailemariam Desalegn avait annoncé sa démission surprise, alors que le gouvernement faisait face à un mouvement de protestation inédit en vingt-cinq ans. L’exécutif éthiopien, face à la colère populaire, avait récemment promis des réformes et entrepris la libération de centaines de prisonniers, dont des opposants de haut rang. Le mouvement de protestation a débuté fin 2015 en région oromo la plus importante ethnie du pays, puis s’était étendu à d’autres régions, dont celle des Amhara (nord). Sa répression liée au gouvernement, a fait au moins 940 morts. Ces manifestations étaient avant tout l’expression d’une frustration des Oromo et des Amhara, face à ce qu’ils perçoivent comme une surreprésentation de la minorité des Tigréens au sein de l’EPRDF, qui règne sans partage depuis 1991, et plus largement une limitation des libertés individuelles et un déséquilibre dans le partage des richesses.
Le retour a la stabilité et au calme survient notamment depuis la nomination du nouveau Premier ministre Abiy Ahmed en avril. Représentant de la principale ethnie d'Ethiopie, les Oromo, longtemps considérés comme marginalisés, le Premier ministre Aby Ahmed a été nommé avec pour devoir de rétablir le lien de confiance entre le peuple et son gouvernement. Il avait été choisi par le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens, la coalition au pouvoir pour rétablir la stabilité dans un pays miné par les tensions mais également pour réconcilier les plus de 80 ethnies présentes en Ethiopie et mettre en œuvre des réformes démocratiques.